Historia de Dimitri Fagbohoun est une série d’images dont la lecture donne à réfléchir sur la répétition de l’histoire, de la guerre, des exactions en tous genres, en visitant les lieux de mémoire, mais aussi en offrant une lecture symbolique de visuels à priori sans significations.   D. fagbohoun s’intéresse aux territoires et problématiques de la société contemporaine. 

Ce qui singularise son travail, c’est qu’il place ces monuments dans le champ de l’art et les traite comme un objet plastique, voire conceptuel. Ce sentiment vient sans doute du mélange d’harmonie et de très légère illusion, qui dans les deux cas, se dégage d’une scène banale, familière et anti- spectaculaire. Par son caractère documentaire, l’œuvre empoigne le spectateur dans une réflexion sur nos choix de société. En effet, de puissants affects entourent la série Historia. Ceux-ci touchent à la capacité d’être ému par l’histoire et par détournement rejoignent le photographe dans son intimité. 

Qu’est ce que nous choisissons de voir et pour quelles raisons ?


Fresques urbaines témoignant d’un espace historique, architecture du regard, les images de Dimitri Fagbohoun recèlent différents niveaux de lectures. Elles procèdent d’une sédimentation de sens mais aussi d’intentions. Empreintes d’une lisibilité directe, toutes proposent des agencements de figures rapidement identifiables pour ne pas dire catégorisables. Véritablement contemporaines, ces photos monuments manient l’ambiguïté entre une apparente simplicité et une orchestration chargée de finesse, de nuances et surtout de parti- pris. Toutes relèvent en effet, d’une confrontation des regards dont l’artiste saura progressivement s’extraire.


Dimitri Fagbohoun, cherche à rendre manifeste les indices d’une mémoire historique manipulable. Les sujets abordés, sortis de leur contexte livresque sont recontextualisés dans une authenticité documentaire. Pour cela, le photographe pense qu’il est plus simple d’obtenir de telles images dans le cadre du reportage. De surcroît, le documentaire permet une actualisation de son propos. Les images de cette série montrent en diptyque des photographies couleurs. La séparation de l’image en deux parties crée une émotion devant les cicatrices du temps. Proche d’une prise vue cinématographique, chacune de ses compositions serait comme un arrêt sur image, le segment figé d’une trame plus vaste.    Usant d’un protocole photographique précis, l’artiste réalise une immersion dans notre histoire. A travers l’acte de mémoire, forme essentiel dans ce travail, il s’agit de tisser des relations entre les humains à partir d’une réalité historique concrète et pas toujours acquise. Par un effet d’ouverture et de fermeture, à la manière d’un clignement de l’œil, produit sur les diptyques, le photographe plasticien renforce ainsi, le sentiment d’un retour permanent sur le présent.

Yves Chatap, Critique d’art & Commissaire d’exposition, Mai 2009